Annus Horribilis !
2016, Annus horribilis ! Premiers commentaires sur la récolte
En 50 ans de vie à Chablis je n’avais pas encore connu de conditions aussi difficiles… Tout est allé de travers, gel très sévère fin avril sur la partie sud-est du vignoble, grêle dévastatrice à la mi-mai et fin mai… La moitié de la récolte était virtuellement perdue pour nous au 1er juin.
Et un malheur n’arrivant jamais seul, le printemps a été littéralement absent… pluie incessante et froid ont prévalu jusqu’au 22 juin… Premier jour de beau temps après ce printemps inexistant… générant une fleur tardive qui s’est terminée les derniers jours de juin avec en prime une attaque de mildiou extrêmement virulente comme je n’en avais encore jamais vu et qui a fait davantage de dégâts que le gel et la grêle réunis et nous laisse devant une récolte ridicule en volume… pour nous c’est très exactement 13,26 hl par ha de rendement moyen ; une misère !
La cave est pratiquement vide et nous n’avons pas de cuves assez petites pour loger les différentes parcelles comme nous le faisons habituellement…Nous n’avons même pas tenté de récolter les vignes gelées car il n’y avait strictement rien à récolter ; aucune grappe de deuxième génération ; rien !
Je garde de mon enfance le souvenir de mon père Henri qui évoquait la décade 1950/1960 avec trois années sans récolte… en particulier 1953 avec, pour lui, une production totale d’une feuillette, soit 132 litres de vin ! Je croyais ces temps révolus, je sais maintenant qu’il n’en est rien, que rien n’est jamais acquis et que nous sommes toujours aussi démunis devant les caprices de la nature.
Pour nous consoler nous pourrons compter sur une bonne qualité… voire très bonne avec des degrés qui ont atteint 12,7 dans les Fourchaumes, en effet Juillet et août ont été particulièrement ensoleillés et chaud, septembre a été très beau. Nous avons débuté la vendange le 23 septembre pour la terminer trois jours ½ plus tard ; record absolu de rapidité tant la récolte est minuscule.
Ceci va bien entendu poser des problèmes de quantités disponibles ; je serais étonné que Chablis dans son ensemble ait produit mieux qu’une demi-récolte...
Nous commençons dès maintenant à prier Saint Vincent pour qu’il nous prépare une belle récolte en 2017 !
Michel Laroche, Chablis le 3 octobre 2016
