2014

Très beau printemps, sec et ensoleillé, jusqu’à mi-juillet laissant présager une récolte précoce, suivi d’un été très moyen, plutôt froid et pluvieux. Septembre a été beau, chaud et très sec …et malheureusement le manque d’eau a réduit la capacité de la vigne à parfaitement mûrir ses raisins et même si nous avons récolté en moyenne des moûts titrant 12°, je suis certain que nous aurions facilement atteint les 12°5 avec un peu plus d’eau. Mais cette sécheresse et chaleur a réduit fortement le volume de récolte et c’est en fin de compte encore une récolte déficitaire en volume que nous avons connue ; 46 hl par ha en ce qui nous concerne. Moins de volume, mais des raisins magnifiques avec plus de concentration ; pas de quoi nous plaindre!

Les fermentations alcooliques avec nos levures indigènes ont permis de fermenter facilement et intégralement tous les sucres. Les vins ont ensuite passé l’hiver au froid, descendant à 5° en janvier, permettant ainsi aux cristaux de tartre de précipiter dans les cuves et les fûts plutôt que dans les bouteilles après la mise…et dès le mois de mars, avec la remontée naturelle des températures vers 10° dans le chai, les fermentations malo-lactiques se déroulent dans d’excellentes conditions.

25 juin 2015, nous venons tout juste de terminer les assemblages du millésime 2014. Tous les vins que nous avons dégustés sont de très haut niveau, tout est bon, il n’y a strictement rien à jeter ! 

Les propos un peu mitigés que j’exprimais au lendemain de la vendange, pensant que la  chaleur et le manque d’eau que nous avions connus en  septembre avaient légèrement altérés le potentiel de qualité ne sont plus du tout d’actualité aujourd’hui et je n’hésite pas à dire que nous tenons un  millésime exceptionnel. 

Un millésime marqué en particulier par une remarquable acidité de 10 à 20% supérieure à la moyenne -  le tout associé à une puissance et une distinction remarquables, à coup sûr la résultante d’une faible récolte en volume, avec des grappes qui se sont partiellement déshydratées sur les souches avant que nous ne commencions la vendange à cause de la sécheresse et de la chaleur de septembre ; ce qui a concentré les moûts par évaporation d’eau contenue dans les baies, aussi bien les aromes que l’acidité s’en trouvent renforcés et pourtant le niveau d’alcool reste tout à fait raisonnable et se situe autour de 12,5.

Ce sont au final des vins parfaitement équilibrés qui expriment une puissance et une distinction de très haut niveau, dignes des meilleurs Chablis que j’ai connus au cours de ces cinquante dernières années. La fraîcheur et la minéralité sont bien présents, soutenus par une densité de matière peu commune ; à coup sûr un  très grand millésime, distingué, équilibré, puissant et racé, bâti pour défier le temps. 

Bien entendu comme dans tous les grands vins de garde il faudra savoir être patient car ce n’est vraisemblablement qu’entre cinq et quinze ans que ce millésime montrera sa classe que je pense exceptionnelle.

PS : Pas de mise en bouteille précoce pour cet imposant millésime, il faut savoir attendre. Ce sera fin juillet pour les Petit Chablis et Chablis Les Allées du Domaine qui sont issus de nos plus jeunes vignes, puis septembre pour  Chablis Saint Pierre et Fourchaume et sans doute pas avant janvier ou février 2016 pour nos deux grands vins que sont Fourchame Vieilles Vignes et Héritage.